La France pillée (2/5) : conflits d’intérêts et cession des biens de l’Etat
.Les Inrocks publient en exclusivité le rapport de l’association Anticor en cinq épisodes. Aujourd’hui, retour sur les partenariats public-privé, les postes offerts aux “amis” et les lanceurs d’alerte ignorés.
Née en 2002, l’association Anticor, qui regroupe élus, professionnels de la justice et citoyens, se donne pour objectif de lutter contre la corruption et le clientélisme. Une initiative visant à l’assainissement de la vie publique, au sommet de l’Etat comme dans les collectivités locales.
Pour ce rapport La France pillée, publié par Les Inrocks, le pôle économique d’Anticor s’est plongé dans le maquis des décisions de justice, des rapports, des enquêtes et des témoignages circonstanciés. Il en ressort une volonté de transparence et une inquiétude visible :
“Privatisée en grande partie, la République s’efface et s’affaiblit. Les contrepouvoirs s’amenuisent.”
Face à ce constat, l’association décortique l’actualité : vote d’amendements conciliants pour les grandes entreprises, autorisations d’exploitation du gaz de schiste données sans discernement, naïveté des collectivités contre opacité des banques. Elle en tire des recommandations, adressées au législateur comme aux autorités locales. Toutes tendent vers un contrôle accru des dépenses, une vigilance sur les conflits d’intérêt, une remise à plat des règles.
Dans sa deuxième partie, le rapport revient sur le thème des conflits d’intérêts, au cœur du débat politique depuis l’affaire Woerth-Bettencourt, les interrogations autour de la charge d’avocat de Jean-François Copé et les mises en garde de Martin Hirsch. Où l’on s’aperçoit que les “lanceurs d’alerte”, bien souvent ignorés ou décrédibilisés, ne suffisent pas à faire évoluer la situation.
En dehors des responsables politiques fricotant avec le privé, l’association met le doigt sur les liens familiaux favorisant les nominations ou entretenant la confusion. L’exemple-type étant représenté par Julien Balkany. Frère de Patrick, le maire de Levallois-Perret et proche de Nicolas Sarkozy, il surfe sur les espoirs du gaz de schiste. Anticor propose de contrôler davantage le cumul des fonctions publiques et privées et d’ouvrir les procédures d’attribution des marchés publics aux citoyens.
Décidément symptôme d’une République tiraillée, l’affaire Woerth/Bettencourt "a aussi révélé combien la vente du patrimoine de l'État échappait parfois aux règles en vigueur ailleurs. L'ex-ministre, maire de Chantilly, est aussi accusé d'avoir "bradé" une parcelle de l'hippodrome de Compiègne".
Enfin, l’élargissement du champ des partenariats public-privé entraîne une “vision court-termiste” et financière des grandes entreprises publiques :
“Le nouveau credo est de désinvestir, de réduire la masse salariale, sous couvert de meilleure efficacité, d'une organisation du travail plus performante, d'une rentabilité immédiate, en oubliant que le profit réalisé n'est pas une fin en soi mais un moyen pour que l'ensemble de la Nation puisse bénéficier des services rendus.
source : lesinrocks.com
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