Si jusqu'alors les constats d'une radioactivité justifiant une extension du périmètre évacuation, autour de la centrale nucléaire de Fukushima, n'émanaient pour l'essentiel que d'organismes dits 'alternatifs', hier l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) a fait de même.
Suite à une nouvelle campagne de mesures de radiations dans des zones non évacuées, l'AIEA a constaté des niveaux de radiations importants à 40 km au nord-ouest de la centrale. Selon le chef du département de sûreté et sécurité nucléaire de l'AIEA, Denis Flory, 'Les premiers résultats indiquent que l'une des valeurs limites justifiant une évacuation, selon les recommandations de l'AIEA, a été dépassée dans le village de Litate'. En précision, Elena Buglova, la directrice du centre d'urgence et d'incident de l'organisme, précise qu'il avait en effet été mesuré 2 mégabecquerels par mètre carré à Litate, soit un ratio deux fois supérieur au niveau à partir duquel l'agence recommande l'évacuation...
Malgré cette demande, émanant pourtant d'un organisme que l'on ne peut pas accuser de parti pris, le gouvernement japonais a aujourd'hui exclu d'élargir actuellement la zone d'évacuation d'un rayon de 20 km. Le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano, a même poussé l'horreur à déclarer 'Je ne pense pas que ce soit quelque chose de nature à exiger une telle action', tandis qu'un responsable de l'officielle agence japonaise de sûreté nucléaire ajoutait que les résidents 'peuvent être sereins'.
A noter que face à ces déclarations et à l'absence d'extension du périmètre d'évacuation, le gouvernement recommande néanmoins aux habitants vivant dans la zone comprise entre 20 et 30 kilomètres de quitter la région, une distance à comparer aux 40 km du rayon d'évacuation de l'AIEA.
Paradoxalement, alors que ce discours était tenu, l'opérateur de la centrale, Tokyo Electric Power (Tepco), annonçait que de l'iode radioactif avait été découvert dans une nappe phréatique située à 15 mètres sous la centrale et qu'une concentration en iode radioactif 4 385 fois supérieure à la norme légale avait été relevée à 300 m des côtes, deux événements qui constituent des premières depuis le 12 mars dernier.
Alors que le risque sanitaire est impensable en somme de tragédies pour les individus exposés aux gaz, poussières, eau et denrées radioactives, mais aussi pour leurs enfants et les enfants de leurs enfants, on ne peut qu'être effaré devant le cynisme et le total manque de transparence des autorités japonaises. Aussi, face à cela, saluons l'initiative du site Internet Cryptome (1) qui publie dix photographies aériennes, prises entre le 20 et le 24 mars, attestant visuellement de l'état des installations nucléaires de la centrale de Fukushima (cf. photo ci-dessus). Un état proche du chaos, où la présence de frêles camions citernes, conduits par des 'condamnés à mort', démontre la dérision d'une industrie nucléaire qui se disait infaillible en croyant prévoir l'imprévisible.
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