Samedi 11 juin, nous commémorions les trois mois de l’accident de Fukushima. Nous venions d’apprendre que trois réacteurs étaient en fusion depuis les premiers jours qui ont suivi le tsunami. Ce fait honteusement caché à la population japonaise et au monde entier pendant plusieurs mois est une preuve supplémentaire de la gestion catastrophique de cette crise par Tepco et le gouvernement japonais.
Hasard des dates, les 11 et 12 juin étaient organisés en Italie trois référendums, dont un portait sur la relance du programme électro-nucléaire. En 1987, à la suite de Tchernobyl, l’Italie avait décidé par référendum d’abandonner l’énergie nucléaire, jugée trop dangereuse. Berlusconi, depuis plusieurs années, avait fait de la relance du nucléaire une de ses propositions emblématiques. Les opposants au projet, notamment les associations de lutte contre le nucléaire, avaient obtenu qu’un référendum soit organisé sur la question. Et la réponse a été sans appel : plus de 90 % des votants ont refusé. Le coup d’arrêt porté à la filière est une immense victoire pour le peuple italien. Il arrive dans un contexte incertain où l’industrie nucléaire tente de rebondir mais se confronte, après l’accident de Fukushima, à une méfiance grandissante. Plusieurs éléments encourageants doivent nous redonner espoir : annonce d’arrêt du nucléaire en Suisse, en Allemagne, victoire lors du référendum en Italie. Mais l’industrie nucléaire ne s’avoue pas vaincue, les projets en Inde, dans la province du Jaitapur, et la relance d’un cycle de construction de centrales en France en sont la preuve.
Ce même 11 juin, trois mois après Fukushima, des manifestations de protestation contre l’usage de l’énergie nucléaire étaient organisées dans plusieurs pays, notamment au Japon et en France.
Côté français, des défilés à Paris, Marseille, Toulouse, Bordeaux… ont regroupé quelques milliers de manifestants (environ 5 000 à Paris) autour de mots d’ordre réclamant la sortie du nucléaire. Mais dans la lutte antinucléaire, le cas français est très particulier. Il est la pointe avancée du nucléaire à l’échelle mondiale. L’appareil d’État et la filière industrielle électro-nucléaire sont intimement liés, et ce depuis des décennies, quelle que soit la majorité politique au pouvoir. Les moyens de l’État français sont d’ailleurs régulièrement mis à disposition de l’industrie nucléaire pour assurer sa promotion et son développement.
Pour ces raisons, combattre le nucléaire, en France, revêt un caractère très particulier. Remporter cette lutte nécessite la construction d’un rapport de forces d’une grande intensité. Si les élections de 2012 peuvent être un point d’appui et de cristallisation pour le débat antinucléaire, nous devons être conscients que, quels que soient les résultats de ces élections, une sortie rapide du nucléaire (en dix ans par exemple) devra être imposée par la construction de mobilisations puissantes.
Sur ce plan, bien qu’elles n’aient pas constitué une déferlante massive, les manifestations du 11 juin, la (re)mobilisations des militantEs antinucléaires depuis le 11 mars sont des premières étapes pour élargir la contestation de la société nucléaire. Cela fait partie du débat que nous devons désormais avoir avec tout le mouvement antinucléaire.
Damien Joliton
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