Chantier de l'EPR : un quart des accidents non déclarés ?
L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) enquête sur une sous-déclaration des accidents du travail sur le chantier du réacteur nucléaire EPR à Flamanville (Manche), qui pourrait être de l'ordre d'un accident sur quatre. Bouygues, qui pilote le génie civil sur le chantier, a indiqué que les non-déclarations d'accidents ne sont pas le fait de l'entreprise mais relèvent d'initiatives personnelles.
L'ASN a indiqué enquêter sur une sous-déclaration des accidents du travail sur le chantier, qui pourrait être de l'ordre d'un accident sur quatre. Le gendarme nucléaire n'exclut pas de saisir la justice dans les semaines à venir lorsque son enquête sera terminée. « Le chiffre de 25% d'accidents non déclarés, communiqué par un inspecteur du travail à la CGT et à la CFDT, est un ordre de grandeur, un chiffre susceptible d'évoluer car il doit être recoupé », a précisé M. Huffeteau, chef de la division de l'ASN basée à Caen et couvrant une partie de l'ouest.
Une dizaine d'entreprises sont concernées par ces accidents, selon les syndicats du chantier, qui accusent depuis longtemps Bouygues, qui pilote le génie civil, et ses filiales de ne pas respecter le droit du travail, ce que dément le géant du BTP. « Il y a notamment un malaise cardiaque et une blessure de 12 cm », a détaillé Christian Leblond de la CFDT. Les syndicats dénoncent des pressions exercées sur des ouvriers sur un chantier de 3.256 personnes hors EDF, avec un tiers d'intérimaires et un tiers d'étrangers. « Pour nous, EDF (maître d'oeuvre du chantier) est en tout cas responsable d'avoir été laxiste et d'avoir trop fait confiance à des sous-traitants », a indiqué Jacques Tord, délégué CGT d'EDF sur le chantier.
Des rapports de sécurité modifiés ?
« Pour éviter que ce type de situation ne puisse se reproduire, Bouygues Construction a rappelé la procédure de déclaration des accidents du travail », a souligné le groupe dans un communiqué. Le procureur de Cherbourg, Eric Bouillard, a indiqué qu'il ouvrirait une enquête préliminaire si l'ASN confirme par écrit les informations sur la sous-déclaration. Le procureur a en outre confirmé que la CGT lui avait envoyé la copie d'un mail apparemment signé d'un ancien responsable contrôle et sécurité du chantier, licencié depuis selon le syndicat. L'auteur de ce mail évoque des « situations inadmissibles concernant les protections collectives et dit avoir reçu de (sa) hiérarchie une recommandation écrite de ne pas les faire apparaître dans les rapports de sécurité ». Bouygues dit ne pas être à l'origine des sous-déclarations d'accidents
Selon la CFDT, le chantier emploie 3256 personnes hors EDF, avec un tiers d'intérimaires et un tiers d'étrangers. « 20 personnes sont totalement dédiées à la sécurité sur le chantier et les consignes sont régulièrement rappelées », ajoute le groupe de BTP. Pars ailleurs, cette enquête serait distincte de celle en cours sur le décès d'un ouvrier intérimaire de 37 ans le 24 janvier sur le chantier. Pour l'heure « on ne fait pas de lien » entre le problème de sous-déclaration et l'accident, précisé M. Bouillard.
Bruno Poulard (source AFP)
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